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C – La Marche, aspects linguistiques

La situation géolinguistique de la Marche a été abordée par différents auteurs :

● En 1864, le docteur François Vincent dans un article intitulé Quelques études sur le patois de la Creuse publié des Mémoires de la Société des Sciences de la Creuse constatait que « placée au moyen âge entre la langue des trouvères et celle des troubadours, entre la civilisation du nord et la civilisation du midi, (...) notre ancienne Marche se trouve sur la ligne de séparation de ces deux espèces de langues ».
● L’historien Maurice Favone est né en Creuse. Dans Histoire de la Marche (1938), il partage le même avis : « la Marche était non seulement une frontière entre les Aquitains et les Celtes, mais aussi une limite géographique entre la langue d’oc et la langue d’oïl ».
● Au XIXe siècle, un vif débat se tient sur la valeur linguistique du limousin « et ce, tout particulièrement dans la Creuse, qui formait une aire linguistique géographique marginale » écrit Samuel Gibiat [29] , directeur des Archives départementales de la Corrèze. Effectivement, la langue d’oc n’a pas été parlée sur tout le territoire du comté comme le faisait remarquer en 1908 Onésime Reclus, géographe originaire du Béarn : « pour plus d'exactitude, le vieil idiome d'oc, disons aujourd'hui le patois d'oc, n'a jamais régné dans toute la Marche ». Un siècle plus tard, Christophe Matho explique que si le sud du comté parlait la langue d’oc (cf. Bellac en Basse Marche, Aubusson en Haute Marche), « le nord accueillait un dialecte très particulier, intermédiaire entre l’occitan et la langue d’oïl, que l’on parle au-delà des frontières de l’ancienne province : le marchois [30] ».
Redecoupage des regions quelles perspectives pour les Marchois es 09

En Haute Vienne, la Basse Marche parle très majoritairement marchois, l’occitan limousin étant limité à la région de Bellac. En Creuse, une petite moitié nord appartient elle aussi au domaine marchois tandis que l’autre moitié parle la langue d’oc sous deux variétés : le limousin dans l’ouest (Bourganeuf) et le haut-marchois à l’est (Aubusson). Toutefois, après le latin, la langue administrative de la Marche a été le français et non pas la langue d’oc comme ce fut le cas dans le Limousin.

 
● Au sujet des chartes communales dans la Creuse, on peut lire dans le Dictionnaire Carriat que « ces conventions passées entre bourgeois et seigneurs (...) sont rédigées soit en latin (Ahun, Gouzon, Guéret, Boussac, etc.), soit en français (Clairavaux), soit en langue d’oc (Chénérailles) ». Cette dernière est la seule de la Haute Marche qui soit en langue d’oc, encore faut-il préciser qu’elle est la copie de la coutume de Montferrand (1196) déjà rédigée en "provençal".
Les plaintes de la comtesse de la Marche (1257) sont écrites en langue d’oïl : « Ce sont les plaintes de madame la contesse de la Marche vers Thebaud de Neuviz, seneschau de Poitou (...) ».
● Louis de Brosse, seigneur de Boussac (Creuse), combattit les Anglais et mourut à la bataille de Poitiers. Il a laissé en 1356 un testament dont le texte est en français avec ici ou là quelques traces de « patois ». Pour le linguiste Antoine Thomas, ce testament « nous donne une image fidèle du français, mâtiné de berrichon et de marchois, qui était en usage dans les hautes classes de la société et qui y tenait lieu du français de Paris ».
● Les comptes-rendus d’activité des sénéchaussées marchoises ont été étudiés par Antoine Thomas qui fournit une information importante : « le plumitif des audiences de la sénéchaussée de la Marche est en français : il devait être rédigé habituellement en cette langue depuis longtemps. Nous possédons un jugement du sénéchal Jean Griveau, rendu précisément aux assises de Felletin le 14 juin 1355 : il est en français. Nous pouvons même remonter plus haut, car le cartulaire des Ternes nous a conservé un acte du sénéchal, Philippe de Champrapin, daté de 1336, qui est également en français. Il n’est pas probable toutefois que cet usage remonte plus haut que les premières années du XIVe siècle [31] ». En effet, auparavant, les actes des sénéchaussées de la Creuse étaient écrits uniquement en latin.
● David Glomot, agrégé et chargé de cours à l'Université de Limoges, aborde le cas des terriers (registres administratifs) rédigés dans la Creuse. Ces « terriers écrits en excellent français et non en langue occitane montrent l’importance des influences venues du bassin parisien, en terme de notariat, mais aussi de législation (...) » écrit-il. Ce devait être déjà le cas un siècle plus tôt puisque la lecture du Canton de La Souterraine de Pierre Valadeau nous permet de découvrir des passages du terrier de cette commune datant de 1388 qui sont écrits en français.
 

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